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Une parcelle pilote en agroforesterie céréalière - Vinon sur Verdon (83)



La ferme de Guillaume Joubert se situe à Vinon sur Verdon, dans le Var. Depuis plus de 10 ans, la parcelle est conduite en semis direct sous couvert en système irrigué, ce qui permet des rotations plus diversifiées et des cultures difficiles sans eau (maïs, tournesol, soja).

En 2020, Guillaume plante une première partie du projet avec 2 haies intraparcellaires, complétées par 4 autres haies début 2021. Les haies sont diversifiées (une quinzaine d’espèces, voir plus bas), et destinées à créer une barrière physique au vent du sud-est particulièrement chaud l’été, ainsi qu’à poursuivre la lancée entreprise par le semis direct sur la fertilité des sols et la biodiversité sur la ferme, le tout dans un paysage d’openfield où l’arbre est très rare.

COMPOSITION DE LA HAIE

Une quinzaine d’essences ont été choisies et séparées en 3 strates. La composition de la haie est directement accessible avec une présentation détaillée du projet à ce lien.

ARROSAGE

L’arrosage de la haie est conditionnée par la rotation, les cultures de printemps irriguées jouant bien sûr un rôle de catalyseur fort sur le développement des haies (arrosage par enrouleur qui touche 1 fois voire 2 fois les haies à chaque arrosage). En cas de culture type blé, pour lequel l’irrigation se termine au printemps, des arrosages manuels (tonne à eau) sont requis.

GESTION DE L’HERBE

La gestion de l’herbe est réalisée mécaniquement par débroussaillage (et désherbage au pied des plants). Elle est indispensable les premières années jusqu’à ce que la haie ait eu l’occasion de mieux s’implanter, l’herbe étant très concurrentielle des jeunes plants ligneux pour l’eau. D’après Guillaume, il y a déjà une vigilance à avoir pour ne pas que les adventices présentes sur la ligne d’arbres ne se déplacent trop vers la parcelle. En cas de pression trop forte, le recours à la chimie est toujours possible, en dernier recours (à ce jour, aucun herbicide n’a été utilisé).


Etat de la plus vieille haie plantée début 2020. Un arrosage réalisé fin août a été bénéfique aux arbres mais aussi à l’herbe qu’il s’agira de contrôler.

PROTECTIONS DES PLANTS


Les arbres ont été protégés par des gaines hautes pour les arbres hauts (anti-chevreuil, à 120cm) et des gaines basses pour les rongeurs.

A ce jour, une bonne partie des gaines se sont déchirées et envolées, attention aux gaines hautes qui jouent un rôle de protection mais aussi d’aide au développement d’un fût (tronc) droit, elles doivent donc rester au moins 5 à 10 ans idéalement. Les chevreuils sont particulièrement friands des espèces caduques, qui au moment du débourrement printanier ont de jeunes bourgeons très appétents, contrairement souvent aux espèces persistantes.

ETAT VEGETATIF DU PROJET EN SEPTEMBRE 2023

Le projet se porte bien dans l’ensemble, avec assez peu de mortalité des jeunes plants (moins de 15%), certaines haies sont néanmoins moins développées et ont plus de mortalité, en partie dû à l’arrosage qui peut être irrégulier en fonction des diamètres des enrouleurs.


Haie plantée en 2021


Haie plantée en 2020. En moyenne, cinquante cm de différence entre les deux.

Certaines espèces se sont très bien développées : cerisier de Sainte Lucie, arbre de Judée, baguenaudier, gattilier...alors que d’autres peinent à démarrer (laurier sauce, viorne tin).

Pour les arbres de haut jet, les tilleuls semblent souffrir de la chaleur, les micocouliers et cormiers sont en bonne voie mais vont nécessiter rapidement de la taille de formation. Pour plus d’infos sur la conduite des arbres hauts pour le bois d’oeuvre, cliquer ce lien.


Jeune cormier avec une fourche qu’il faudra tailler pour n’obtenir qu’une tige principale.

Pour les arbustes et arbrisseaux, une partie d’entre eux pourraient bénéficier d’un recépage (coupe rase à 5-10cm du sol en hiver pour densifier et former un buisson plus rapidement) : filaires, viornes lantanes, baguenaudiers, nerprun alaterne.


Filaire à feuilles étroites dans sa gaine. Un recépage hivernal pourrait l’aider à se densifier à la base, auquel cas la gaine sera peut être à enlever assez rapidement pour ne pas l’étouffer.


Viorne lantane (arbuste) qui avait été accidentellement protégée par une gaine haute destinée aux arbres.

ELEMENTS DE SUIVI 2023

En plus du suivi de l’état végétatif, la parcelle de Guillaume s’inscrit désormais dans un suivi plus global et systémique du système céréales en semis direct + agroforesterie coordonné par Arvalis. En 2023, les partenaires du projet CLIMAF ont réalisé plusieurs suivis sur la parcelle.

- Envirotypage : étude du microclimat lié à la haie (température, humidité, vent, luminosité). Avec des étés secs de plus en plus longs et notamment des fins de printemps avec des risques d’échaudage sur blé accrus, une attente forte des céréaliers est la modulation de la température et de l’humidité ambiante.

- Phénotypage aérien et racinaire (rhizotrons pour les racines et perche LITERAL, drone et satellite pour la biomasse aérienne)
Les rhizotrons servent à mesurer la quantité de racines présentes dans le sol. Installés à proximité ou au sein des haies, ils vont permettre d’évaluer la promiscuité des racines des plants ligneux et celles des céréales et d’évaluer sous terre comment la haie se développe (en fonction notamment des plants qui la composent). Les perches et drones servent à quantifier par imagerie la biomasse aérienne de la végétation, à relier notamment au rendement des cultures.

- Etude du rendement et de ses composantes à différentes distances de la haie.
La pérennité du rendement des céréales dans le temps en contexte agroforestier se pose, au fur et à mesure que se développent les arbres. Un suivi annuel permettra de mesurer le rendement théorique sans agroforesterie (parcelle témoin) avec les rendements de la parcelle plantée.

- Suivis de biodiversité
La parcelle de Guillaume est suivie depuis sa plantation dans le cadre du projet FEADER SAM puis du GIEE APAM dont il fait partie. Chaque année, des suivis de piégeage via des pots Barber sont réalisés pour identifier et dénombre les araignées, carabes et staphylins. Les résultats de ces suivis sont accessibles en cliquant ce lien.


Pot barber disposé au sol pour capture des auxiliaires

Les résultats des suivis réalisés en 2023 seront discutés et présentés lors d’une rencontre prévue cet hiver sur l’une des fermes participantes du projet CLIMAF !